Les troubles fonctionnels intestinaux, pourquoi ce n'est pas encore fini ?
SIBO
Small Intestinal Bacterial Overgrowth
(Prolifération bactérienne de l’intestin grêle)
SIFO
Small Intestinal Fungal Overgrowth
(Prolifération Intestinal Fongique de l’intestin grêle)
Depuis dix ans, on constate un intérêt croissant du monde scientifique pour le microbiote composé de milliards de bactéries, ainsi que pour les affections intestinales, avec une multitude de publications scientifiques. Grace à ces nombreuses recherches, nous savons aujourd’hui que ces bonnes bactéries sont essentielles à notre bonne santé et au bon fonctionnement de notre corps humain. Pour autant qu’elles se trouvent au bon endroit.
En temps normal, le microbiote intestinal est composé de milliards de bactérie. Un déséquilibre de cet écosystème fragile peut induire des troubles.
Dans le cas du SIBO/SIFO, un excès de bactéries ou de levure se produit au mauvais endroit, dans l'intestin grêle, et les conséquences peuvent considérablement altérer la qualité de vie.
Ce n’est pas un problème de qualité bactérienne, mais une multiplication de bactéries non pathogène à un endroit qui n’est pas normal.
Une autre pathologie, l’IMO Intestinal Méthanogène Overgrowth, présente les mêmes caractéristiques à la différence qu’il ne s’agit pas d’une prolifération de bactérie mais d’archées, autre type de micro-organismes présent dans notre organisme.
Dans les deux cas, cette prolifération est à l’origine d’un déséquilibre du microbiote ou dysbiose qui n’est pas sans conséquence sur le fonctionnement de l’appareil digestif.
Le SIBO en tant que maladie digestive en quelques chiffres.
Le SIBO en tant que maladie digestive résulte du déséquilibre du microbiote intestinal. Assez méconnu du grand public, ce n’est pas moins de deux millions de personnes qui souffrent de cette affection, rien qu’en France.
Nombre total de cas SIBO/SIFO enregistrés chez les patients répondant aux critères du syndrome d’intestin irritable (SII) est de 30 à 85%. (Small international bactérial overgrowth in irritable bowel syndrome : systematic review and meta-analysis.2009)
Chez les malades cœliaques ne répondant pas à un régime sans gluten, ça peut aller jusqu’à 50%.(Prévalence of small intestine bactérial overgrowth diagnosed by quantitative culture of intestinal aspirate in celiac diseas 2009)
Dans un groupe de personnes âgées atteint de malabsorption du lactose, le SIBO/SIFO à été diagnostiqué dans 90% des cas. (Lactose malabsorption in the elderly : roleof small intestinal bactérial overgrowth 2008)
Chez les sujets obèses asymptomatiques, le SIBO/SIFO à été retrouvé chez 17% contre 2.5% chez les personnes non obèses (Prévalence of small intestinal bacterial overgrowth in patients with morbid obesity : a contributor to severe hepatic steatosis 2008)
Facteurs de prédisposition à la pullulation bactériennes
Le SIBO/SIFO se développe lorsque les mécanismes homéostasiques, processus par lesquels un organisme maintient un environnement interne stable malgré les variations externes et qui contrôle la population bactérienne ou de levure dans l’intestin sont perturbés. Peu importe qu’elle soit d’origine médicamenteuse, chirurgicale, anatomique ou fonctionnel, la pullulation bactérienne en résulte.
1° Dysfonctionnement de la motilité intestinale dû :
- Diabète
- Post chirurgicale
- Hypothyroïdie
- Maladie de parkinson
- Stress chronique
- Anti dépresseur
- Opioïde
2° Dysfonctionnement anatomique dû :
- Sténose, adhérence, tumeur de l’intestin grêle
- Diverticuloses
- Séquelle d’une chirurgie abdominale Bypass
- Gastrectomie
- Syndrome de l’anse borgne
- Maladie de Crohne
- Intestin court
3° Dysfonctionnement des sécrétions digestives dû :
- Achlorhydrie (absence d’acide dans l’estomac)
- Prise d’IPP (inhibiteur de pompe à proton) médicament réduisant l’acidité gastrique
- Pancréatite chronique
- Cirrhose
- Infection Helicobacter pylori
- Stress
4° Dysfonctionnement des mécanismes antibactériens dû
- Dysbiose
- Médicament antibiotique
- Dysimmunité
- Hyperperméabilité intestinale
- Pancréatite chronique
- Alcoolisme
- Cirrhose
- Achlorhydrie
- Prise IPP
- Insuffisance rénale
Quelle est l'origine de ces symptomes ?
En se multipliant dans l’intestin grêle, ces bactéries, qui consomment des glucides, produisent des gaz : hydrogène, méthane… qui peuvent être à l’origine des symptômes :
- Eructation
- Ballonnement
- Gaz
- Douleur abdominale
- Malnutrition
- Diarrhée/constipation
- Nausée
- Vomissement
- Intolérance alimentaire
- Perte ou prise de poids
- Douleur articulaire
- Fatigue chronique
- Difficulté de concentration
- Problème de peau
- Stéatorrhée (graisse dans les selles)
Diagnostique et test pour détecter une SIBO/SIFO :
La nécessité de l'examen clinique
Les symptômes peuvent être communs à d’autre maladies digestifs et complexes à dépister. Ce qui implique qu’une recherche des facteurs prédisposant à la pullulation bactérienne ou fongique doit être effectuée. Toutefois ces facteurs sont parfois absents.
L’examen clinique permet de rechercher :
- Des symptômes digestifs évoquant une SIBO/ SIFO.
- Les facteurs de risque et de prédisposition (voir tableau au-dessus)
- Un test thérapeutique (en pièce jointe)
- Un déficit en vitamine liposoluble, B12, Zinc, anémie, carence en fer, hypoalbuminémie, dans un bilan biologique
- Amélioration après une prise d’antibiotique, d’huile essentielle, éviction alimentaire (gluten, FODMAP)
= tous ces facteurs nous indiquent probablement une SIBO/ SIFO
Les tests spéciaux arrivent après l'examen clinique
- L’examen direct par la culture d’aspiration jéjunale est considéré comme étalon d’or. Un compte bactérien et une flore type colique sont considérés comme diagnostic de pullulation bactérienne. Toutefois cet examen est invasif et nécessite beaucoup de ressource.
- Le test de la réparation ou d’haleine à hydrogène expiré est plus fréquemment utilisé en raison de sa simplicité. Il se base sur le fait que chez l’homme, seul le métabolisme bactérien des carbohydrates produit de l’hydrogène. Dans le cas d’une SIBO/SIFO, une migration proximale des bactéries permet une fermentation précoce des carbohydrates. L’hydrogène produit est alors rapidement absorbé et expiré. Ainsi, il est possible de mesurer la concentration d’hydrogène expiré, élevée en cas de pullulation bactérienne.
Les traitements allopathiques
Suite aux résultats, votre médecin, spécialisé et formé au SIBO/SIFO, pourra vous proposer le protocole le plus adapté, incluant des antibactériens, des antifongiques et des solutions pour restaurer la fonction gastrique. Les traitements les plus couramment utilisés et qui semblent efficaces d’après les études sont :
- La rifaximine
- Le métronidazole (inefficace lorsqu’il est pris seul)
- La néomycine
- L’amoxicilline (qui ne fait pas partie des directives cliniques officielles et peut causer plus de dommages au microbiote que les précédents)
Le traitement dure entre 10 et 15 jours, et les patients ressentent souvent un soulagement rapide. Cependant, ce répit est généralement de courte durée, et de nombreuses récidives surviennent.
Prise en charge du SIBO/ SIFO
- Assurer un apport nutritionnel adéquat
- Accélérer la vidange gastrique
- Relancer l’activité biliaire et pancréatique
- Lutter contre la dysmotilité gastro intestinal
- Eliminer les pathogènes
- Gérer le système nerveux sympathique et parasympathique
- Contrôle hormonal
Prise en charge naturopathique
Du côté des solutions naturelles, de nombreux principes actifs et outils permettent de traiter le SIBO/ SIFO :
1. La mastication
Si ce conseil n’est pas respecté, les autres ne serviront à rien ! Tous les aliments doivent être mastiqués et insalivés afin de former un liquide dans la bouche.
En naturopathie, on recommande de mâcher 32 fois avant d’avaler, soit le même nombre que nos dents. Cela est bien sûr à adapter selon l’aliment !
Souvent, cette étape est négligée, alors que de nombreux témoignages montrent que des troubles digestifs ont été soignés uniquement grâce à cette méthode. Le plus connu est Horace Fletcher, surnommé "le grand masticateur", qui s’est remis de tous ses problèmes digestifs. Le fletchérisme devint rapidement un mode de vie à l’époque. John D. Rockefeller, Thomas Edison et Upton Sinclair le romancier, étaient de célèbres adeptes. Ils étaient tellement concentrés sur la mastication qu’il n’y avait plus de place pour la conversation lors des dîners mondains.
La salive contient de l’amylase, une enzyme qui digère les glucides. En mâchant bien, on mélange la salive à la nourriture, ce qui permet de prédigérer les sources de glucides, qui sont souvent problématiques dans le cadre du SIBO/SIFO.
De plus, le broyage des aliments provoqué par la mastication envoie des signaux au système digestif inférieur, notamment aux intestins et au pancréas, pour qu’ils se préparent à recevoir la nourriture. La mastication active également le nerf trijumeau, qui envoie des signaux de satiété en agissant directement sur les hormones de la faim.
2. L’alimentation FODMAP
En parallèle, un régime restrictif pauvre en FODMAP est souvent proposé, sauf dans le cas du SIBO H₂S (sulfure d’hydrogène), où l’alimentation doit au contraire être riche en fibres et pauvre en graisses et en viande animale, afin d’éviter le développement des gaz par les bactéries en excès, telles que Desulfovibrio ou Bilophila wadsworthia.
Le régime FODMAP a été développé par Sue Shepherd, une nutritionniste australienne atteinte de la maladie cœliaque. Elle a identifié certains types de sucres dans les aliments qui pourraient ne pas être décomposés dans l’intestin grêle, provoquant ainsi leur fermentation dans le gros intestin. FODMAP signifie « Fermentable Oligosaccharides, Disaccharides, Monosaccharides And Polyols ». Ces molécules de sucre peuvent être fermentées par les bactéries.
L’alimentation pauvre en FODMAP réduit l’apport de sucre susceptible de créer une fermentation.
Ce régime se déroule en 3 phases :
1
- Sur 4 à 6 semaines
- Seuls les aliments pauvres en FODMAP sont autorisés.
- Apaisement immédiat des troubles digestifs
2
- Réintégration un par un des aliments.
- Identification de ou des aliments qui posent problèmes
3
- Remanger de façon variée.
- Les FODMAP sont identifiés, il suffit de les éviter, le temps d’avoir une action ciblée sur le micro biote.
3. Le régime biphasique
Le régime biphasique moins contraignant et moins restrictif, plus précis et spécifique au SIBO sauf pour le SIBO de type H2S. Plus facile à tenir le temps du programme d’éradication du SIBO.
Aliments pauvres en fibre
Comme son nom l’indique il se divise en deux phases d’une durée de 4 à 6 semaines chacune
Réduire et réparer
- diminution des amidons et des fibres.
- bactérise dépérissent
- diminution des symptômes
En parallèle :
- rétablir une bonne digestion
- Réparer la paroi intestinale
Supprimer et restaurer
- supprimer les bactéries et les champignons dans l’intestin grêle
- utilisation d’antibiotique sur prescription
- d’antibactérien et/ ou d’antifongique
- réintroduction de certains aliments mais sans fibres
- rétablir une bonne motricité digestive pour éviter les rechutes
4. Activer la motiline
La motiline est une hormone digestive de la muqueuse intestinale qui intervient dans l’activité motrice cyclique du muscle intestinal.
La motiline est active sur :
- La sérotonine l’hormone du bonheur, essentielle à l’activateur des récepteurs et la communication des neurones.
- L’acétyle choline, reçu par les récepteurs et médiateur chimique des nerfs et des muscles.
- Jouent un rôle clef dans la motilité via le nerf vague.
Les plantes comme le gingembre, l’artichaut diminuent la dyspepsie, l’impression de mal digérer.
Le safran, antispasmodique, stimulant digestif, facilite la digestion.
5. Accélérer la vidange gastrique
Le carvi ou le cumin des prés, stimule la sécrétion salivaire, gastrique, biliaire, facilite le péristaltisme et l’activation de la vidange gastrique.
La menthe poivré, anti spasmodique, assouplie le muscle gastro intestinal
6. Relancer l’activité enzymatique et biliaire
Produit naturellement par notre organisme, dans presque toutes les parties du tube digestif, y compris les glandes salivaire, l’estomac, le pancréas et l’intestin grêle
Le bicarbonate neutralise l’acidité gastrique
Et certains aliments sont riches en enzymes comme le gingembre, la mangue, le kiwi, l’ananas, le fenouil, la mélisse, l’angélique, la camomille, la verveine et l’aloé véra.
Ces plantes relancent la fonction gastrique, et éviterons les rechutes.
7. Réparation des muqueuses
Rapidement on s’attachera à réparer les muqueuses intestinales, à restaurer le mucus et l’imperméabilité de la paroi, tout en gérant l’inflammation.
Les compléments comme : le gel d’aloé Vera, le zinc, la glutamine, la vitamine D, la curcumine, le figuier en bourgeon, le boswellia, la méthionine, la zéolite en poudre, le noyer, la tisane d’orme rouge et la guimauve, peuvent aider à adoucir et réparer la muqueuse gastrique.
8. Eliminer les pathogènes
Cela consiste à utiliser un complexe de plantes anti microbiennes et anti fongiques pour une efficacité optimal.
L’huile d’origan, l’ail pour les SIBO à dominance méthane ou hydrogène
La cannelle, le thym, le clou de girofle, la coriandre
Les huiles essentielles de coriandre, de carvi, d'origan, de thym, de clou de girofle, de menthe poivrée et de lavande vraie sont très appréciées. Cependant, bien qu'elles soient très efficaces, elles sont également très puissantes et peuvent affecter les muqueuses ainsi que le foie, faisant autant de mal que de bien. C'est pourquoi il est préférable de privilégier les formules intégrées dans des compléments alimentaires ou des gélules gastro-résistantes, et de les utiliser pour des cures de courte durée. Il est vivement recommandé de ne pas les utiliser en automédication, mais de vous faire aider d’un professionnel.
Pour assainir la flore intestinale et entretenir les bonnes bactéries d’autre pistes sont tout aussi efficaces : l’extrait de pépins de pamplemousse, les plantes riches en berbérine, le lapacho, la grenade, le thé vert, l’argent colloïdal, l’origan, la sarriette, la menthe, le neem, l’acide caprylique, propolis, bromélaine, chardon marie, les feuilles d’olivier…
La chlorophylle, la mélisse, le basilic, la menthe poivré contre les gaz et flatulence.
Le lithothamne, la spiruline, la vitamine C renforce le terrain
Le safran, le griffonia, stimule la motilité intestinale
On fera également en sorte de gérer les émotions, le stress, la constipation pour une bonne hygiène intestinale, car nous le savons maintenant, travailler à la racine évite les récidives.
9. Restaurer une flore intestinal saine.
Bien sûr, in fine, lorsque la prolifération bactérienne est éliminée, le réensemencement de la flore un intestinal va commencer avec de bonne bactérie comme les probiotiques et les prébiotiques.
Le 2’fucosilactose favorise la croissance et l'activité des bonnes bactéries présentes dans notre microbiote intestinal,prévient des troubles digestifs et à lutter contre les déséquilibres du microbiote intestinal, stimuler la production de mucine (mucus intestinal) et renforce donc la solidité et la résistance de notre barrière intestinale face aux agressions extérieures.
10. Renforcer le système immunitaire.
Afin d’éviter les récidives, et d’avoir un système immunitaire à toute épreuve, on pensera à la vitamine D, au zinc, à l’échinacée. Le reishi, les shitakés pour les personnes ou les immunostimulant sont contre indiqués.
11. Améliorer son hygiène de vie :
L’activité physique régulière, agit sur la motilité, le système gastro intestinal, facilite le processus de vidange gastrique, mais aussi sur la gestion du stress, des émotions.
La sophrologie, la méditation, l’hypnose, apprennent à mieux gérer l’émotionnel, l’angoisse, le stress et accompagne les démarches nutritionnelles acquises ou en cours d’acquisitions
Bien sur la naturopathie vous accompagne sur le fond, pendant et après la SIBO/SIFO et remontera sur la cause du déséquilibre. Traiter les symptômes, soulages, trouver l’origine de la SIBO/SIFO permet de mieux se comprendre, d’apprendre de ses erreurs et d’éviter de les reproduire, donc plus efficaces à long termes.